Droite progressiste

Courte défaite, malgré un bon bilan

Les urnes ont rendu leur verdict, et c’est avec une grande tristesse que j’ai vu la défaite de Patrick Curtaud et de Jocelyne Gard par 116 voix d’écart. C’est une défaite d’autant plus triste compte tenu du bilan de Patrick qui durant 10 ans s’était investi pleinement pour le canton de Vienne sud. C’est aussi triste que le canton sud ne puisse pas bénéficier des qualités de Patrick et de Jocelyne qui ensemble auraient vraiment pu apporter un plus à ce canton. Néanmoins, la démocratie est ainsi faite, et je respecte les choix des électeurs, et comme je l’ai dit dans ma précédente note, j’espère pour le canton sud de Mr Thoizet se montra à la hauteur de son prédécesseur. L’heure est donc maintenant au bilan de cette élection, bilan qui s’applique au canton de Vienne sud, mais qui s’extrapole facilement au département et sur le plan national.

Les chiffres : Le FN stagne, le PS et l’UMP s’effondrent

Compte tenu de la participation, raisonner sur les pourcentages ne rime à rien. À mon sens, il est plus intéressant de regarder les chiffres bruts du nombre de voix et de les comparer aux élections de 2004 :

Élections cantonales, 1° tour 2004 – 2011
Électeurs Votants Écologistes Extrême
gauche
FN PS UMP Modem
2004 20708 12761 1497 405 2270 3572 4162
2011 21822 9433 1274 368 2182 2278 2583 562
Variation +5,38% -26,08% -14,89% -9,13% -3,87% -36,22% -37,93% NA

Les chiffres parlent d’eux même. Le FN, et dans une moindre mesure, le PCF, qui préservent son socle d’électeur en nombre de voix et ne semblent pas touchés par la baisse de la participation. A l’inverse le PS et surtout l’UMP s’effondrent. En effet, en dépit d’une hausse du nombre d’électeurs potentiels, le nombre de voix de ces 2 partis diminue fortement, bien plus que l’abstention. Dire que l’UMP va mal est tout à fait exact, mais il n’est pas le seul. Corollaire important, le PS ne profite pas de cet effondrement.

Le second tour est quant à lui plus difficile à analyser d’une élection à l’autre, puisqu’il n’y a pas eu de triangulaire, on note néanmoins une hausse spectaculaire du vote blanc, je reviendrais sur ce point plus tard. Néanmoins, le report des voix est très intéressant :
Au soir du premier tour, le PS peut compter sur le report des voix des écologistes et du PCF, soit 3820 voix potentielles, et ce, en dépit des tensions présentes dans le département (voir le socialiste grenoblois Jérôme Safar s’en prend à Cécile Duflot). La hausse de la participation du premier au second tour étant de 2,86% on peut porter ce potentiel théorique à 4032 voix. Pour arriver aux 4646, cela nécessite forcément de puiser des voix au Modem… et surtout au FN. Il semble donc les 2182 voix du FN au premier tour se soient reportées de manière presque équitable entre l’UMP, le vote blanc… et le PS. Le PS a donc bénéficié des voix du FN, situation ironique, puisqu’il a si souvent dénoncé ce report ! Autre enseignement, et cela rejoint la fin de mon précédent paragraphe, ce n’est qu’avec des alliances, parfois bancales, que le PS peut espérer glaner des victoires.

L’abstention, le vote blanc : Un rejet de la droite… comme de la gauche

Comme pour les élections précédentes, l’abstention est arrivée largement en tête avec plus d’un électeur sur deux qui n’a pas fait le déplacement au bureau de vote. J’en avais déjà parlé l’an dernier dans ma note que retenir des élections régionales 2010 ? mais une fois encore le message est clair : il y a une vraie fracture entre les électeurs et le monde politique. Chose nouvelle, l’émergence du vote blanc. En effet, entre le premier et le second tour, le nombre de bulletins blancs a presque triplé ! Lors du dépouillement, un nombre important d’enveloppes contenaient les deux bulletins, déchirés. Le message est on ne peut plus clair ! Combien de temps le monde politique va l’ignorer ?
D’ailleurs, pour prendre toute la mesure du rejet, ou de la non-adhésion aux partis politiques, voilà les résultats en prenant en compte le vote blanc :

  • Blanc : 6,98%
  • UMP : 45,94%
  • PS: 47,11%

Et en prenant en compte l’abstention :

  • Abstention : 54,81%
  • Blanc : 3,15%
  • UMP : 20,76%
  • PS: 21,28%

Cela permet de poser la question de la représentativité des élus… Je trouve d’ailleurs regrettable que les résultats ne soient pas également présentés sous cette façon, notamment en ce qui concerne le vote blanc. Après tout, les électeurs font l’effort de se déplacer aux urnes. À quand donc la reconnaissance du vote blanc ?

Quoi qu’il en soit, à la lumière de ces chiffres, il est évident qu’il n’y a plus de vote d’adhésion, et surtout un certain désintérêt envers le monde politique. Il est grand temps que les « grands » partis tiennent compte de ce véritable coup de semonce !

L’UMP c’est grave docteur ?

Est-ce grave ? C’est une question que tous les partis doivent se poser, au PS aussi, malgré leur victoire. Néanmoins, je ne m’intéresserais qu’à mon parti.

Comme je l’ai dit en substance tout au long de cette note, plus qu’une victoire du PS, c’est bien une défaite pour l’UMP. Il y a beaucoup d’explications possibles pour cette défaite, le contexte national est une des explications les plus importantes. Mais il ne faut pas se cacher que derrière ça, il y en a d’autres. J’estime avoir une part de responsabilité, puisque membre de l’équipe de campagne, je n’ai pas réussi à faire convaincre les électeurs du bon bilan et du bienfondé du projet de Patrick et de Jocelyne.

Les chiffres montrent également un effritement de notre socle d’électeur, l’ai expliqué dans le paragraphe précédant. Je pense que le manque d’unité y est pour quelque chose. On l’a particulièrement vu dans le canton de Roussillon, et dans celui d’Heyrieux. Mais il n’y a pas que ça, les querelles de clochers, notamment lors des élections internes (voir cette note), ont également fini de décourager notre électorat voire même nos militants. Comment convaincre les électeurs quand notre message est brouillé par des querelles de personnes ou des ambitions mal placées ? Me concernant, et en temps que jeune militant, j’en ai plus qu’assez des ces conflits vieux de 20 ans, et j’espère sincèrement que l’on va enfin tourner la page… Il y a urgence, les prochaines élections sont dans 1 an !

Une réponse à Que retenir des élections cantonales 2011 à Vienne ?

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