Droite progressiste

À chaque attentat, nous avons le droit au même spectacle répugnant du concours Lépine des mesures les plus inutiles que les autres, à coup d’outrance et de raisonnements faciles. Jusqu’à présent seule l’extrême droite était tombée dans ce jeu des raccourcis faciles, malheureusement, elle ne détient plus le monopole.

Que ce soit la déchéance de nationalité ou la dernière lune de l’emprisonner tous les fichiers S, à chaque fois, la réponse n’est pas à la hauteur. Face à cette nouvelle forme de terrorisme aussi spontané que difficile à détecter, certains politiques n’ont comme réponses que des « réponses » globalisantes, qui ont autant d’exceptions que de cas qu’elles cherchent à résoudre. Car oui, une analyse statistique des derniers attentats qui ont malheureusement frappé notre pays montre qu’il est impossible de dresser un profil type du terroriste ou de leur entourage proche. Ainsi tous n’étaient pas fichés S (65%), tous n’étaient pas binationaux, certains étaient de néo-convertis. Bref, il y a autant de profils que d’individus.

Ainsi ceux qui aujourd’hui essayent, par facilité, de faire des généralités, et de proposer des « solutions » à l’emporte-pièce aux mieux se trompent, au pire sombrent dans un populisme nauséabond. Il n’y a pas de solutions faciles et rapides comme peuvent le laisser croire certains politiques. Une analyse sur le plan pratique de leur « baguette magique » montre rapidement que c’est techniquement impossible, que ça ne résoudrait rien, et surtout que juridiquement ça ne tient pas.

Le meilleur exemple est l’internement des fichiers S. Comme le souligne Frédéric Péchenard (voir l’article) cette mesure serait « inapplicable, voire contre-productive ». Et poussons le raisonnement plus loin en imaginant son application : a-t-on les ressources matérielles, humaines d’appliquer de telles mesures ? Et quand bien même on arrive à un tel extrême, cela ne nous aurait pas protégés du tiers des terroristes qui ne n’était pas fichés. Mais le plus important, sommes-nous prêts à mettre d’énormes coups de canif dans l’état de droit ? Sommes-nous prêts à aller à l’encontre des articles 7 et 9 de la Déclaration des droits de l’homme en enfermant sans aucune forme de procès des personnes qui n’ont commis aucun acte répréhensible ? Si tel était le cas, nous ne vaudrions pas mieux que le mal que nous sommes censés combattre !

Mais, s’il n’y a pas de solutions miracles, pour autant, certaines choses doivent changer :

  • Notre système carcéral doit évoluer pour ne plus être un incubateur à terroristes.
  • Nos devons continuer à lutter contre cette économie souterraine qui permet l’achat et la circulation d’arme.
  • Nous devons donner les moyens, humains et financiers, à notre justice d’agir. Et là, je ne pense pas seulement aux policiers ni qu’aux places de prisons, mais à l’intégralité de la chaine judiciaire. Car oui, le budget de la justice a trop fait l’objet de coupes ces dernières années. Les tribunaux ne peuvent continuer à être surchargés, au risque que de mauvais jugements soient rendus ou arrivent trop tard.

Effectivement, ces genres de pistes sont fastidieuses, ne donnent pas de « punch-Line » faciles à retenir, pour autant, elles sont sans doute plus efficaces.

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